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Le commerce des eaux minérales de Mariemont au XVIIIème siècle

  L'Histoire de Morlanwelz

Table des matières

 
LE COMMERCE DES EAUX MINERALES DE MARIEMONT AU XVIIIème SIECLE

On sait comment la gouvernante de nos provinces, Marie-Elisabeth, tenta à partir de 1740, d'utiliser les eaux de Mariemont pour lancer une station thermale capable de concurrencer Spa non seulement par les cures mais aussi par la vente de l'eau en bouteille(1).

Dans le fonds de la chambre des Comptes (n°44.652), les Archives générales du royaume conservent le compte de ce commerce, établi pour les années 1741 - 1743 par le médecin J-F Delval en sa qualité de "directeur et administrateur des eaux minérales de Mariemont".

Le compte commence le 27 juin 1741. En 3 jours, on débite 197 bouteilles. En juillet, on atteint le chiffre record de 813 bouteilles et une cruche. Mais en août et en septembre, on livre seulement 6 et 20 bouteilles. En 1742, on ne mentionne des ventes que pour les mois de juin (13 bouteilles), juillet "une charretée de bouteilles" (plus de 18) et août (6). Enfin, pour 1743, on renseigne 93 bouteilles vendues les 8 et 30 mars. C'est sur cette dernière date que se clôture le compte des ventes : 1166 bouteilles plus la charretée.

Où va cette production expédiée par les soins de Delval ou prise à la source par les domestiques de différents acheteurs ?

Notons l'envoi de 12 bouteilles à M. Blary, médecin à Cambray "pour lui faire connaître" et de 6 à M. Lannoy, docteur de Douai, pour la même raison. Il s'agit de publicité. Le domestique de M. Tricot, médecin à Nivelles, vient en chercher 34.

A destination de Bruxelles partent 20 bouteilles pour M. Charles, 93 pour Jacomzig, 84 pour Facteur, 61 pour Swarts, 49 pour Boucheron, 50 pour les Dames de Lorraine, 47 pour Manderlier, 1 pour le maître d'hôtel du comte d'Harrach, 6 pour la comtesse de Calenberg(2), 6 pour une dame inconnue, soit un total de 417 bouteilles, plus la charretée destinée aux Carmélites.

A Nivelles, on vend 7 bouteilles à Grégoire, 2 à Bonet, 20 à Lewage, 20 à Quentin, 20 au baron Dobbelstein, 5 à Seine, 4 à Devillers, 6 à un ordre religieux, 97 au duc du Chalet de Leau.

A Binche, Derbaix achète 8 bouteilles; Huart, 2; Roucroix, 6; Catin, 10; Buisseret, 1; les "Recollectines", 1; le Regent, 60.

Un certain Goblens, de Chapelle-lez-Herlaimont, acquiert 28 bouteilles; Cambier, de Morlanwelz, 105; Abbay, de Mons, 142, et Desabondans, de la même localité, 80; Hossart, de Haine-Saint-Pierre, 4; Becquereau, de Liberchies, 16; Tricot et Havette, d'Arquennes, 18 et 11; De Congnies, de Fayt, 10; Barra, de Gand, 6; le vicaire de Jumet, 1; Poulliart, de Seneffe, 6; une religieuse de l'Olive, une cruche; enfin 6 personnes, dont le domicile n'est pas mentionné, en prennent 108 bouteilles et 3 cruches.

La plupart des clients achètent cette eau pour leur usage personnel, mais certains, comme Cambier et Abbay, sont des marchands.

ll est curieux de noter que si, avec le cachet garantissant l'authenticité, la bouteille coûte 3 sols 1/2, en fait beaucoup d'amateurs, pour ne pas payer ce prix, envoient leur domestique à la source.

Si bien que le compte renseigne :
417 bouteilles livrées,
dont 218 payées à 3 sols 6 deniers
= 38 fl. 13 s. 0 d.
286 "emplies et conditionnées dont  
52 à 7 liards" =   4 fl. 11 s.
et 213 à 1 sol = 10 fl. 13 s.
  --------------------
Recette = 53 fl. 17 s.
A cette somme s'ajoutent 56fl. 6s. "à qui reviennent les parties livrées à crédit" et une avance du "Trésor" de 84fl., soit un total de 194fl. 3s.

Si l'on parcourt la liste des dépenses, on voit qu'en guise de publicité on a acheté 8 exemplaires des livres que les professeurs de l'université de Louvain, Rega et De Villers, avaient publiés sur la valeur curative des eaux, pour les envoyer aux Sieurs Blary, médecin à Cambrai, et Hubert, médecin à Charleroi, et "à Messieurs les Médecins de Namur, ensuite de la missive de Mme la Marquise de Trazegnies". Au total, une dépense de 230fl. 0s. 6d.

Le commerce des eaux, compte non tenu évidemment de l'avance du Trésor, se solde donc par une dépense double environ de la recette. On comprend dans ces conditions que l'on n'ait pas poussé plus avant l'expérience, tout en s'étonnant que la vente de 1742 et de 1743 ait été aussi réduite. Mais la gouvernante, Marie-Elisabeth, est morte à Marimont en août 1741. L'auteur du projet disparu, la guerre de succession d'Autriche absorbant de grosses sommes, l'entreprise ne put se réaliser entièrement. Un moment, l'impératrice Marie-Thérèse souhaita qu'on achevât le bâtiment près de la fontaine, destiné à accueillir les curistes (mars 1743), mais quelques mois plus tard (juillet) elle revint sur sa décision : "la situation des temps ne permettant point de dépenses inutiles", elle donna l'ordre de suspendre tous les travaux. Le bâtiment n'en était qu'au niveau du rez-de-chaussée. On laissa donc les murs couverts de paille et de joncs, comme on les avait protégés pour passer l'hiver. On protégea aussi les 240.000 briques qui restaient des 700.000 fabriquées sur place à l'aide du charbon tiré au même endroit par 3 ouvriers. Tout espoir n'était pas perdu, mais il fallait attendre des jours meilleurs(3).

(1) voir ci-dessus n°21 et 22
(2) voir ci-dessus n°22
(3) Archives générales du royaume, conseil des finances, n°2163

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