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Marie de Hongrie, un instrument politique

  L'Histoire de Morlanwelz

Table des matières

 
MARIE DE HONGRIE, un instrument politique

On sait que le domaine de Mariemont doit son existence et son nom à Marie de Hongrie, soeur de Charles Quint. Mais connaît-on la vie de cette princesse et reine ?

Fille de Philippe le Beau, archiduc d'Autriche, prince des Pays-Bas, c'est-à-dire de nos provinces, et de Jeanne, plus tard surnommée la Folle, héritière de Castille et d'Aragon, c'est-à-dire de l'Espagne, Marie naquit au palais de Coudenberg à Bruxelles, le 15 septembre 1505.

5 jours plus tard, elle fut baptisée en l'église du Sablon en présence de l'Évêque d'Arras qui officiait.

L'enthousiasme de la "grande multitude du peuple" fut tel, rapporte le chroniqueur Molinet, que le prélat eut "sa crosse rompue en 3 pièces".

Orpheline à 1 an, par la mort de son père et la folie de sa mère, elle fut élevée à Malines, à la cour de "sa bonne tante et plus que sa mère", Marguerite d'Autriche, gouvernante de nos provinces.

Très vite, son grand-père paternel, l'empereur Maximilien d'Autriche, fit de cette fillette un instrument de sa politique.

Il la manda à Vienne sous escorte d'honneur de 200 cavaliers commandés par l'Hennuyer Antoine de Ligne, et lui fit épouser le prince héritier de Hongrie, Louis. Elle n'avait pas 10 ans ! Mais après la cérémonie, le jeune époux retourna dans son pays et Marie vécut à Innsbruck en Autriche (juillet 1515).

En mai 1521, la princesse partit enfin rejoindre son mari, fort occupé à défendre son pays contre les Turcs de Solimon le Magnifique. Après le sacre et le couronnement, qui eurent lieu à la fin de l'année, les jeunes souverains connurent des moments de bonheur que Marie attribue aux qualités de son conjoint, "le paragon des maris", écrit-elle à la princesse de Chimay.

De cette époque date un tableau dû au peintre allemand Hans Krell et conservé à la Pinacothèque de Munich. Si louis de Hongrie apparaît charmant, "d'une douceur et d'une beauté angélique", comme dit G. de Boom, Marie révèle une expressive, un regard intelligent, une personnalité à la fois séduisante et autoritaire.

Cette période heureuse dura 5 ans. En 1526, Marie perdit son époux, tombé sur le champs de bataille de Moharcz, face aux Turcs. Pendant quelques années, elle vécu dans la tranquillité de son veuvage, fidèle à la mémoire du défunt, bien résolue à ne pas se remarier.

En 1531, son frère Charles Quint devenu souverain des Pays-Bas et d'Espagne, empereur d'Autriche et d'Allemagne, lui confie la fonction de gouvernante de nos provinces, vacante par la mort de la tante Marguerite.

Marie hésite d'abord, redoute de se mettre "la corde au cou", puis se sacrifie une nouvelle fois à la politique familiale et accepte cette lourde charge "pour faire plaisir". Elle l'exercera pendant 25 ans et servira son frère avec application, énergie et même passion, au point de s'attirer une impopularité qu'elle considérait comme fatale : "il n'est guère possible de satisfaire à la fois sa conscience et les sujets de son souverain".

Elle met son point d'honneur à exercer la double mission de renforcer l'autorité du prince et de combattre l'hérésie protestante. Si, découragée à certain moment, elle demande décharge de sa mission, Charles s'empresse de lui opposer le refus le plus net.

Elle doit faire face à des difficultés nombreuses et variées, notamment au soulèvement des anabaptistes qui s'attaquaient aussi bien à l'état et à la société qu'à l'église, à la révolte de Gand, dernier épisode de la lutte entre le pouvoir décadent des villes et l'autorité naissante de l'état, à la guerre contre la France, face à laquelle elle dresse les forteresses de Mariembourg (1546), de Philippeville et de Charlemont (1555).

Comme récompense de son zèle, elle put s'installer à Bruxelles, qu'elle préférait à Malinnes où elle avait passé ses jeunes années; elle reçut en apanage viager la prévôté de Binche où elle se fit construire un somptueux château de style renaissance, d'après les plans de l'architecte montois Du Broeucq (1545).

L'année suivante, elle chargea le même Du Broeucq d'édifier un pavillon de chasse et une métairie à Morlanwelz; ce fut l'origine du domaine de Mariemont dont nous parleront dans un prochain article.

Femme savante, parlant plusieurs langues, passionnée de musique, protectrice des artistes comme le peintre Van Orley qui fit d'elle un joli portrait, elle collectionna aussi les beaux livres, surtout dans son château de Turnhout. Aussi Erasme, le plus grand humaniste du XVIIe siècle, la considère-t-il comme la princesse la plus digne d'éloges de son temps.

Lorsque, fatigué du pouvoir, Charles Quint abdiquera en 1555, Marie de Hongrie abandonnera aussi ses fonctions. Frère et soeur s'embarqueront pour l'Espagne où ils mourront tous 2 en 1558.

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