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La politique de boisement à Morlanwelz, au XVIIIème siècle

  L'Histoire de Morlanwelz

Table des matières

 
La politique de boisement à Morlanwelz
au XVIIIème siècle

Nous terminions notre article sur le château fort en précisant que la communauté de Morlanwelz avait reçu "le restant du terrain du vieux château à charge de payer une redevance d'un chapon (poulet) par an"

En fait, il ne s'agit pas d'une libéralité du prince, en l'occurrence Marie-Thérèse d'Autriche en sa qualité de comtesse de Hainaut, mais bel et bien d'une transaction.

Depuis plusieurs années, le gouvernement favorisait le développement économique du pays. Il accordait fréquemment des octrois pour la création de manufactures, pour l'exploitation de veines de charbon (dont nous parlerons prochainement) ou pour la mise en valeur d'une région. En 1773, Marie-Thérèse décida : "les terres communales situées dans notre province de Namur, susceptibles de culture, seront divisées en autant de portions qu'il y a de chefs de famille dans chaque communauté (village). Chaque portion sera tirée au sort. Nous voulons que les portions soient entièrement défichées et réduites en culture dans le terme de 2 ans".

A Morlanwelz, on assista à une politique de boisement. En dehors du parc de Mariemont qui mesurait, en 1770, environ 430ha, il existait 3 bois domaniaux :
  1. Le bois de Morlanwelz, environ 140 ha, qui "tenait à la haute chaussée (chaussée Brunehault), à la campagne d'Herlaimont, à la Bruyère et au village" ;
  2. Le bois de la croix, environ 30ha, qui "tenait aux Dames de l'Olive, à la campagne d'Herlaimont, à la Bruyère de Montaigu et d'un coin au bois de Morlanwelz".
  3. Le bois de Viscagne, environ 12ha, qui "tenait au parc, au bois de l'Olive (propriété de l'abbaye) et à la Bruyère".
Ces bois et le parc étaient exploités par une rotation annuelle des coupes.

Sur le plan n°71 des Archives de l'Etat de Mons, on remarque facilement un vaste terrain en friche, d'une soixantaine d'ha, appelé bruyère ou Trieu de Morlanwelz, et isolé entre les 3 forêts domaniales. On décida de le boiser. Mais les habitants de Morlanwelz y disposaient du droit de "paisson" c'est-à-dire du droit d'y faire paître leur bétail moyennant redevance d'une rasière d'avoine et d'une poule par an pour une vache et le double pour un cheval. Cette servitude se rencontre déjà dans les archives en 1374 : "sur les tries des bos de Morlanwé". A proximité, 2 particuliers possédaient aussi des biens. Les héritiers Hec détenaient un terrain d'environ 10ha, et un certain Bonnechère avait construit un bâtiment sur un terrain d'environ 19ha, cédé par le prince en 1752 par bail emphytéotique. Pour que "le parc royal et les bois domaniaux... ne forment plus qu'un seul gazon" avec la Bruyère boisée, on décide l'expropriation.

Dès héritiers Hec, pour les 10ha du "pachis des Trieux", on en cède 7 que "Sa Majesté possède à Haine-Saint-Pierre".

A Bonnechère, on cède un autre terrain, on lui paie une indemnité de 1.215 livres de Hainaut (presque le double de la valeur de sa maison), on l'autorise à démolir celle-ci et à emporter les matériaux dans un délai de 6 mois.

Avec la communauté de Morlanwelz, l'accord est le suivant :
  1. On lui cède l'emplacement du grand château (l'ancien château fort), moyennant reconnaissance annuelle d'un chapon;
  2. On l'assure d'une rente annuelle de 400 livres de Hainaut; en revanche, "tous et chacun des habitants de Morlanwelz s'abstiendront dès à présent et pour toujours d'y envoyer ou mener paître leurs bestiaux, ni y couper aucunes herbes ou bois quelconque".
Parmi les signataires de cet acte, on relève les noms de Godeaux, Baudoux, Cambier, Motte,...

Mais cette transaction provoqua des réactions hostiles de la part de quelques habitants du village. On parle même d'une "espèce de mutinerie". En tout cas, certains continuèrent à faire paître leur bétail : en 1771, 34 reçurent une forte amende que le prince "rémissionna". Finalement les choses s'arrangèrent : on procéda au boisement de la Bruyère de Montaigu. Le conseil des Finances partant d'une estimation de 2.500 livres pour les frais de plantation, prévoyait pendant les 20 premières années un rapport de 3 1/2% et pour les années suivantes de 8 1/3%. En fait, les frais dépassèrent le triple des prévisions.

En 1778, le curé de Morlanwelz, Lison, prétend qu'ayant le droit de dîme sur la Bruyère de Montaigu et sur les terres de Hec et Bonnechère, il doit continuer à toucher le dîme sur le produits des plantations lors de la vente des coupes. On lui reconnut ce droit sur les terrains repris aux 2 particuliers, mais on le lui contesta sur la Bruyère.

En 1779 se pose le problème de savoir où doit aller la rente annuelle de 400 livres. Les gens de Morlanwelz demandent que cette somme "soit partagée entre eux et ne servent pas à soutenir des procès intentés mal à propos par le maïeur Godeaux". Or, dans la convention du 27 mars 1771, l'article 3 dit : "cette rente sera employée au plus grand profit de la communauté", tandis que l'acte du 27 octobre 1773 mentionne "qu'au moyen de laquelle somme aucun des susdits habitants ne pourra faire pâturer". Ici la somme paraît uniquement destinée aux habitants, et là elle semble destinée à suppléer aux charges de la communauté en général. Dans ces conditions, le conseil des Finances conclut : "l'intention ayant été de procurer un soulagement à ceux qui faisaient usage de pâturage, il convient de distribuer la rente entre les habitants".

Les choses finirent donc par s'arranger : la Bruyère boisée s'intégra dans les bois domaniaux, les habitants de Morlanwelz se partagèrent la rente annuelle de 400 livres, les autorités communales vendirent comme terrain à bâtir l'aire de l'ancien château fort.

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